Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 29 mai 2014

Les " petits " métiers


La fermeture à glissière (ou Eclair, ou zip, ou à crémaillère, ou tirette) est une invention géniale. Les premières fermetures rapides à glissières ont été élaborées aux États-Unis par les ingénieurs Elias Howe, Max Wolff et finalement Whitcomb Judson en 1891. Ces premières fermetures constituées d'œillets et de crochets avaient la fâcheuse tendance à s'ouvrir d'elles-mêmes, donc un peu inutiles. C'est l'ingénieur américain Gideon Sundbäck qui obtint en 1913 le brevet pour la mise au point de la fermeture Éclair moderne en remplaçant le système d'œillets et de crochets par un dispositif de dents engrenées à l'aide d'un curseur. Minute de silence pour Gideon.  (source : Wikipedia)

La petite entreprise, des fermetures Eclair,
des crochets, des arrêts, des curseurs,
quelques outils et un grand savoir-faire

Comme c'est énervant quand la fermeture Eclair coince, quand les dents deviennent cariées ou que le curseur n'a plus la force de les rassembler. Frustrant. C'est ce qui est arrivé à deux de mes sacs. Un zip garde au chaud toutes mes petites combines, les protège des tentations d'autrui.

Dans mon pays, je peste, j'envoie balader le vieux sac (forcément, il est vieux) au fond d'une armoire, j'attaquerai le problème quand je serai dans de très bonnes dispositions. Toute seule, parce que je ne sais pas à qui m'adresser. Ou alors je m'adresse à un cordonnier, dont le savoir-faire va me coûter presque autant que l’acquisition d'un nouveau sac.

Ici, à Shanghai, j'ai souvent passé devant une toute petite entreprise en souriant, une dame dans une courette qui affiche qu'elle répare des zips. Je viens d'aller la trouver avec mes deux sacs. En experte, elle a étudié mes zips. Puis elle a farfouillé dans une boîte pour en sortir deux nouveaux curseurs. M'a fait asseoir sur une minuscule chaise. " Je ne suis pas pressée, je peux repasser." On ne discute pas avec cette dame. " Tu t'assieds, tu attends." La boss, c'est elle. Je l'ai regardée faire, manier ses pinces, écarter, glisser, refermer, pincer, ajuster. Me convaincre que je devais conserver les tirettes d'origine qui faisaient plus chic. Je me serais contentée de tirettes classiques, trop contente de la voir ouvrir et fermer mes sacs, il fallait encore fixer des arrêts qui manquaient sur les zips d'origine, selon elle, la cause principale de mes problèmes. L'amour du travail bien fait, je le dis sans ironie. Je suis repartie toute joyeuse avec mes deux sacs à l'épaule, prêts pour de nouvelles aventures.

La table de travail
Souvent, avant de venir en Chine, je faisais partie de ces gens qui maudissaient le made in China, bon marché, d'accord, mais irréparable, donc trop cher. Irréparable chez nous, nuance. Ici, on ne jette pas, on répare quasi tout, partout, il faut  juste ouvrir l’œil.


Je ne savais pas comment intituler ce billet. Les " petits " métiers, c'est gentil, mais condescendant. En regardant ma spécialiste du zip, j'ai vu une pro, une experte. Je me suis dit que sans ces " petits " métiers, j'ai de gros emmerdements.

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