Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

lundi 24 septembre 2012

Shanghai hua 上海话


Shanghai hua 上海话, c'est la langue qu'on parle à Shanghai, le shanghaien. C'est la forme dialectale septentrionale du wu. Avec quatorze millions de locuteurs, c'est la forme la plus répandue au sein de ce groupe linguistique. C'est aussi une langue écrite et bien identifiée, avec seulement deux contrastes tonals (haut et bas), à la différence du mandarin (quatre tons) et du cantonais (neuf tons). Ouf, que deux tons que je ne distingue toujours pas.


Jusqu'à assez récemment, l'emploi du shanghaien n'était pas encouragé dans les écoles, les journaux et les radios, au contraire du mandarin. Il faut dire que le mandarin est rassembleur. A Shanghai seulement il y a plus de 8 millions de migrants qui sont arrivés avec leur propre dialecte dans leur baluchon. Le seul moyen de communiquer entre eux et avec les locuteurs locaux c'est en mandarin. C'est le cas dans tous les endroits dont le développement économique a été fulgurant, qui ont attiré de la main d’œuvre de tout partout en Chine. Le mandarin est la seule langue officielle autorisée à être enseignée dans les salles de classes ordinaires sur l’ensemble du pays. La nation souhaite mettre l’accent sur une langue unifiée pour assurer une communication fluide, compte tenu des nombreux dialectes régionaux.


L'ennui dans tout ça est que le shanghaien fout le camp. L'année passée les médias ont envoyé des SOS et ont recherché les quelques vrais locuteurs qui restaient, ceux qui parlaient la langue pure, qui étaient nés dans la ville, qui n'avaient pas été élevés par des parents d'origines mixtes, qui avaient toujours vécu ici, des purs... pour les enregistrer et analyser leur dialecte. Nombreux sont ceux qui craignent sa disparition alors que le nombre de jeunes locuteurs du dialecte décroit rapidement. Les parents de la ville ont exprimé à plusieurs reprises la crainte que leurs enfants perdent leur propre dialecte local.

Dès 2005, des dépêches ont indiqué que le shanghaien serait enseigné dans les lycées, donnant lieu à une grande controverse. Les partisans de cette réforme plaidaient pour un bénéfice culturel, ses opposants arguant que la réforme encouragerait des discriminations sur les origines des élèves : les Shanghaiens ont une réputation de fierté caricaturale et parfois hautaine de leur propre identité, regardant de haut les Chinois issus d'autres provinces.

Et voilà qu'en cette rentrée d'automne 2012, les étudiants vont recevoir leurs premiers manuels de shanghaien pour apprendre et pratiquer le Shanghaihua. Un professeur de linguistique Shanghaienne Qian Nairong, co-auteur du nouveau manuel scolaire a déclaré : " Ces écoles avaient essayé par le passé d’enseigner aux élèves le Shanghaihua mais les enseignants trouvaient souvent des difficultés face à un manque de régularité et de matériels didactiques ". Cependant l’efficacité d’une telle initiative est toujours en questionnement car il n’est pas évident de trouver un créneau pour un tel cours parmi les horaires quotidiens qui sont déjà bien serrés.Les manuels scolaires contiennent des poèmes et des chants en dialecte local. Il semble même que la demande soit plus grande que le nombre d'élèves, des parents, des seniors et des curieux sont intéressés à connaître ou retrouver cette langue.


Je lis dans mon quotidien beaucoup d'enthousiasme pour le maintien de la langue. Mais n'est-ce pas un peu tard ?

Je me rends compte que ce sujet est très local, alors qu'on ne voit pas toujours la différence entre les langues asiatiques. Rattrapage...

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