Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mardi 21 juin 2011

Septembre 2010 - janvier 2011: Apprendre à l'uni

Je me souviens quand j'ai pris ces photos, j'étais drôlement fière
d'avoir été acceptée. J'aurais promis n'importe quoi,
y compris de travailler dur...
Apprendre le chinois, j'y avais pris goût bien avant d'arriver à Shanghai. Déjà un an auparavant, j'avais décidé que je prendrais une fois tout un mois pour aller à Beijing me plonger dans la langue de manière intensive. Avec du recul, je me demande bien ce que j'aurais appris!

Alors, bien sûr que je me réjouissais de pouvoir m'y plonger sur le plus long terme. 

Le campus de Xuhui, 2 stations de métro de chez nous, la classe...
Des écoles de chinois, il y en a vraiment beaucoup. Entre celles qui offrent des cours de conversation, celles qui proposent des cours sur mesure, chez soi ou dans son entreprise, des cours intensifs, des formules plus détendues, il y a le choix. Justement, que choisir? Lors de la fête du 1er août à l'Expo, j'ai rencontré un étudiant "mature" lucernois, Franz, qui suivait depuis un semestre des cours dans la prestigieuse université Shànghǎi Jiāotōng Dàxué (上海交通大学). Je lui ai posé des tas de questions, il m'a envoyé l'adresse Internet et j'ai décidé de m'inscrire là en septembre.


J'avais lu que l'inscription devait avoir lieu le 3 septembre. Je m'y suis rendue la veille pour savoir où aller (c'est une habitude dans ces endroits tellement grands).

En fait, j'ai appris que l'inscription devait avoir lieu en juin! Mais on m'a tout de même acceptée et le 3, j'ai passé des tests d'évaluation, une démarche que je connais bien.

Si je n'avais pas filmé la scène, je crois que j'aurais mis l'image
de cette personne qui marche à reculons sur le compte de mon euphorie.

Je suis allée à la cérémonie d'ouverture en compagnie de Franz. Grâce aux traducteurs en anglais, japonais et coréen, j'ai appris que je partagerais l'honneur d'étudier en compagnie d'illustres prédécesseurs...

... et surtout qu'il me faudrait travailler dur pour mériter ce privilège. J'étais prête. J'avais mes bouquins, ma carte d'étudiante et ma motivation.

Mais je ne sais pas ce que "travailler dur" signifie, en tous cas à la mode chinoise. Attention, je ne suis pas les cours en touriste, du tout! 4 heures de cours par jour en semaine, au moins 4 heures de devoirs tous les jours, week-ends compris.J'écris 20 signes par jour, 20 fois chacun pour les mémoriser, je fais mes devoirs scrupuleusement. J'emporte mes mots et mes phrases partout où je vais.
Sur le balcon
Dans le métro

Et franchement, dans ma classe, c'est plutôt sympathique.



En novembre, aux examens intermédiaires, je suis assez fière de mes résultats. Mais nos enseignantes nous annoncent qu'il faudra travailler dur, beaucoup plus dur, que la promenade de santé, c'est terminé.

Et je crois que je me suis réveillée! Quoi? On nous bourre le crâne avec plein de choses moyennement utiles pour le quotidien (en tous cas le mien), on nous traite comme des petits gosses (on nous dicte ce que nous devons écrire dans notre cahier de notes, si, si), on fait des tests de vocabulaire en classe de compréhension orale! Et quand nous, les Occidentaux, demandons à parler davantage dans les cours de conversation que les 10 minutes en fin de leçon (de 4 périodes), on nous répond que c'est la façon d'enseigner en Chine et que nous devons nous y plier.

En plus, je réalise que je ne comprends toujours pas les prix quand je vais au marché ou que j'en ai marre de me faire piéger par mon vendeur de clopes*. Alors, puisque c’est ainsi, de ces cours à l'uni, je n'en veux plus! J'irai jusqu'à la fin du semestre, mais après, fini, basta! Je ferai autrement. Je n'en peux plus.

Dans une leçon de conversation:



Correction d'exercice de compréhension orale:


Je tire un peu la langue, prépare mes examens dans un environnement extrêmement bruyant puisque des travaux ont lieu dans l'appartement du dessus avec marteau piqueur non-stop. Mais tout est bien qui FINIT bien. Je prends congé de l'école avec soulagement ! (et un magnifique certificat bien inutile, mais quand même...)

Photo de classe finale avec Li Laoshi, notre prof de grammaire
Que me reste-t-il de cette aventure?
De bons moments.
  • Je suis reconnaissante pour l'accueil réservé par mes camarades, tous beaucoup plus jeunes que moi.
  • Je suis convaincue que si j'ai souffert, ce n'est pas qu'une question d'âge. Ma motivation, mon intérêt, mon expérience et ma disponibilité ont, me semble-t-il, permis de compenser quelques neurones défaillants.
  • Et surtout, j'ai eu l'occasion de suivre un cours à option de peinture chinoise avec Liu Laoshi, une enseignante à la fois talentueuse, patiente, encourageante et drôle. Quelques-unes de ses peintures:


















Et un petit discours final, pour la route:


* Anecdote. Ce vendeur bien gentil me posait plein de questions, genre d'où je viens, ce que je fais, où j’habite. Et un jour, il me raconte toute une histoire qui se termine, je l'entends bien, par une une question. Je prends mon air désolé et lui dis que je n'ai pas compris. Il répète, une fois, deux fois. Là, je n'ose pas lui demander un 3e essai, alors je dis oui, oui. Et le gars de me dire: "Tu n'as pas compris, hein? Bon, alors répète ce que j'ai dit!" J'étais faite.

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