Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

samedi 18 juin 2011

Août 2010: Emménager, surprises et énervements


Emménager j'adore! C'est se projeter dans une nouvelle vie, prendre de nouvelles habitudes (et espérer laisser derrière soi les vieilles et les mauvaises). C'est encore plus le cas quand on arrive dans ses nouveaux murs avec une seule valise (chacun, faut pas exagérer tout de même). C'est à se demander pourquoi j'ai attendu 25 ans pour déplacer ma coquille tellement ça à l'air bien.

© Yin Fangli pour la traduction,
Ancre de Chine pour l'illustration
La cuisine et sa hotte,
origine des odeurs de cuisine des voisins
Une fois que la dame de l'agence a dit en me donnant les clés: "Bienvenue chez toi" et qu'elle est partie, je fais un rapide tour de l'appartement pour voir si il va vraiment pouvoir être la maison. Et je crois que oui, franchement. Sauf ... pour l'odeur. En effet, il est maintenant près de 11 heures et par la hotte de la cuisine me parvient une odeur de poisson qui ne me fait pas vraiment envie (ni l'odeur, ni le poisson). Ça me dérange, surtout avec la chaleur ambiante*.





Une porte d'ascenseur, le mur dénudé
et (on la voit à peine) la porte
pour le local d'électricité
Les valises vidées, Ikea visité (pour la vaisselle notamment), nous voici installés chez nous. Lors de notre 2e visite, nous avions eu la surprise de voir les disjoncteurs... disjoncter alors que seulement deux ou trois appareils étaient en marche. Mais l'agence nous avait rassurés, pas de souci, ils allaient faire le nécessaire. la surprise est donc moins grande quand quelques jours après notre installation, il n'y a plus d'électricité du tout dès le matin. Pas de grande surprise, mais plutôt un moment de panique parce que mon téléphone ne demande qu'à être rechargé, tout comme l’ordinateur. Je me sens tellement coupée du monde...Heureusement, Fred peut contacter l'agence, qui contacte le management de l'immeuble, qui m'envoie un électricien, qui constate, repart et revient avec un spécialiste. D'après ce que je comprends, il fera des modifications majeures le lendemain, mais en attendant, c'est bon, nous sommes électrisés. Le spécialiste, en effet, revient comme promis. D'abord, ses modifications ne marchent pas comme prévu. Et peut-être qu'il est un peu énervé quand il se rend dans le local de l'étage. En tous cas, il évite de justesse d'y laisser sa vie en refermant la porte, trois grosses plaques de carrelage (du marbre?) viennent de lui tomber dessus. J'ai bien sûr peu de paroles pour le réconforter (à part "ça va? ça va?").
Fred n'est pas très rassuré par cette modification d'électricité. Il me raconte toute une histoire de barrage pour illustrer son mécontentement. Histoire que je ne peux pas répéter, car je n'ai pas trop bien compris. Il a l'air tellement content d'avoir su mettre toutes ses connaissances à ma portée.

Bien, l'électricité étant réglée, tout devrait jouer. Il devrait me rester plein de temps pour comprendre le fonctionnement des appareils. Là, on se dit qu'à mon âge et avec un si long CV de ménagère, on peut carrément m'appeler "expérimentée". Lamentable erreur!
C'est vrai qu'il n'y a rien qui ressemble autant à une machine à laver qu'une machine à laver. Et celle qui se trouve sur notre balcon appartient, nul doute, à cette famille (des machines à laver). Mais encore faut-il savoir quel programme fait quoi et à quelle température.

Pour laver à 40°C, on fait quoi?
Ça prendrait sûrement moins de temps
de laver à la main, plutôt que de tout
traduire...






Et tout ça (env. 3 heures!) pour réaliser que la machine lave seulement à 40°C! **

Donc, on fond par 40°C (tiens, comme la machine!) en regardant la lessive sécher sur le balcon et parfois, je me réfugie à l'intérieur pour avoir un peu de frais en me plaçant droit devant l'appareil de climatisation (que je ne met en marche qu'à ce moment, je jure). La nuit aussi, on enclenche la clim parce parce que dormir pas une telle chaleur, c'est juste impossible. Et je sais de quoi je cause, la clim de notre "master bedroom" fonctionne, ah ça oui, elle nous envoie une sorte de mistral bien chaud tout droit sur nos têtes. D'abord je mets ce désagrément sur le fait que nous ne savons pas utiliser la télécommande. Alors décodons...

C'est ça qu'on veut!

Mais rien ne change, à part la force du vent. Je me résous à appeler l'agence à l'aide. Dans un premier temps, elle me convainc que le vent qui souffle est frais. Et franchement, je ne sais plus: frais ? pas frais? leng? bu leng? Et la nuit, je sais, nous savons, que le souffle vient droit du désert. Alors, encore une fois, passons dans la chambre d'amis.
Enfin, on m'envoie un réparateur et tout marche avec de l'air comprimé (je crois).

Mais il est où?
Le voilà, il est ressorti du trou!






Avec de l'électricité et de quoi nous rafraîchir, nous devrions être contents. Nous le sommes. Mais quand même, quand un dimanche de fin août notre salle de bain est transformée en "rain forest", il manque un petit quelque chose à notre bonheur.

La salle de bain
Appel à l'agence, mais sans réponse. Fred va au management du compound (je sais, ça va beaucoup de mots anglais), revient avec un type en bleu de travail. Le gars regarde et repart. Il revient avec l'ayi*** qui est aussi la personne de confiance de notre proprio. Elle a, entre autres,  la particularité de ne pas parler une autre langue que le chinois, donc elle ne sert à pas grand chose dans ces moments de crise. Sinon qu'elle répète une 1ère fois en criant et ensuite très lentement en détachant chaque syllabe, ce qui me gêne encore plus dans la compréhension. Elle m'énerve de me traiter comme si j'avais 2 ans, que j'étais retardée et sourde. Elle m'énerve, quoi. Donc, elle est là avec le type et je ne comprends rien. Ils partent et reviennent avec un 3e compère. Puis repartent. Il nous semble que l'eau coule moins fort. Fred se met à l’ordinateur pour faire son heure de chinois.
Tiens, on sonne. C'est l'ayi avec 3 personnes, de nouvelles têtes, quelle vie trépidante nous avons! Ils se dirigent tous vers la salle de bain et commentent. Puis, chacun d'entre eux crache dans son portable. Et pendant ce temps Fred répète: "yi pi ma (un cheval), yi bei kafei (une tasse de café)..." devant son écran avec casque et micro, comme une téléphoniste de VAC. Et les autres causent et ils causent et j'essaie de percevoir des bribes, mais c'est dur. Et j'ai juste envie de me retrouver toute seule dans le calme. Ils partent pour de bon en me demandant d'être là le lendemain.L'eau ne coule presque plus.
Je suis tout habillée pour accueillir mon visiteur du lundi. Lui aussi il est prêt, un casque à moto sur la tête et portant en guise de mallette un joli cornet en plastique. Il hoche la tête (positivement) et s'en va. Peu de temps après arrive un autre gars, un nouveau. Il est au téléphone, se dirige vers la salle de bain. S'en va, revient avec des outils et se met à démonter le plafond. Sans rien protéger et sans échelle, mais drôlement content que je lui propose une chaise pour atteindre le plafond.
Le lendemain soir, nous contemplons le magnifique nouveau plafond de notre salle de bain. Mais pourquoi a-t-il été changé?

Il me reste encore à déchiffrer les instructions du micro-onde. On se dit qu'à mon âge et avec un si long CV de ménagère, je suis expérimentée. C'est vrai qu'il n'y a rien qui ressemble autant à un micro-onde qu'un micro-onde...


* Au moment de rédiger ce texte, rien n'a changé, à part les odeurs qui varient au gré des repas. Je m'y suis fait, je ne remarque plus vraiment ou alors je me dis: "Tiens, aujourd'hui, c'est nouilles au petit déj.!"

**Dix mois plus tard, la dame de l'agence m'a informée que ce modèle, en fait, ne chauffait pas l'eau. Je savais que beaucoup d'appartements étaient munis de telles machines, mais je ne croyais pas être une des heureuses élues. Quelques jours après avoir reçu cette information, j'ai tout de même été très surprise d'avoir autant de buée sur mes lunettes en ouvrant porte de la machine. Je pense que ma version pourrait bien être la bonne.

*** Ayi = (dans ce cas) concierge

1 commentaire:

  1. Ni Hao! Mais que de mésaventures! Tu verras pour les apparts suivants, tu seras bien plus à l'aise avec la langue chinoise, ce sera les doigts dans le nez!! ;-) u sais, ces histoires de hotte et d'odeurs, ça me fait penser que c'est un peu pareil chez nous--cage d'escaliers, armoire (t'rappelles?!!?)... Becs

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